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Fin 2018, le mouvement des Gilets jaunes investit l’espace pour exercer un droit fondamental : manifester. Un an après le début du mouvement social, le gouvernement annonce que le nombre de blessés excède les 4.000 personnes au total : éborgnements, fractures faciales multiples, joues transpercées, blessures aux parties génitales, blessures aux membres inférieurs et supérieurs, mains arrachées.

Après la manifestation du 1 décembre 2018, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner constate : « On voit qu’on a des doctrines qui ne sont plus adaptées à la réalité des violences dont on fait l’objet ». Le maintien de l’ordre se déploie désormais de manière offensive et marque un tournant dans l’usage de la violence physique à l’encontre des manifestants. En effet, l’arsenal offensif à disposition des forces de l’ordre relève, pour certaines armes, de matériel de guerre : le lanceur de balle de défense (LBD-40) et grenades (GLI-F4 et grenade à main de désencerclement) susceptibles de mutiler ou de blesser mortellement.

À cette violence policière inédite s’ajoute la violence judiciaire : la criminalisation des manifestants et/ou militants. Un peu moins d’un an après le début du mouvement des GJ, le constat est saisissant : près de 10.000 gardes à vue et 3.100 condamnations dont environ 400 d’entre elles ont donné lieu à des peines de prison ferme avec incarcération immédiate. Sur l’ensemble du territoire, près de 2.100 personnes ont été jugées en comparution immédiate, un choix politico-judiciaire qui ne laisse pas le temps aux prévenus de défendre une cause ou de se défendre eux-mêmes au cours des très courtes audiences à la chaine.

Avec Anne Dufresne (Gresea) coordinatrice du numéro, Corinne Gobin (ULB) sur la question démocratique, Othman Farai (ULB) sur la répression policière en France, un gilet jaune belge pour expliquer sa vision du mouvement.