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Dans un pays, la France, où la gauche s'est accommodée d'une monarchie élective, comment ne pas s'attarder sur le monarque? On disait de Lionel Jospin qu'il était socialiste en secret, et jeune il était passé par l'extrême-gauche. Mais François Hollande? Sa carrière ne s'est pas bâtie sur ce terreau social-démocrate qui a produit, dans le Nord, un Pierre Mauroy ou une Martine Aubry.

Enarque, il s'est tôt hissé, dès mai 1981, dans les sphères proches du pouvoir, parmi les gens utiles, avec Attali, pas loin de Mitterrand. Politicien avisé, il laboure cependant un fief électoral, la Lozère. Premier secrétaire du P.S., il défend le traité constitutionnel "européen" que la France repousse, en 2005, par 54 % des suffrages. Il gagne la course à la présidence de 2012 comme par défaut, Strauss- Kahn ayant été carbonisé dans une chambre d'hôtel aux Etats-Unis,  et la majorité des électeurs ne voulant plus voir la tête de Sarkozy. Bref, il est, comme a dit Mélenchon, "le capitaine du pédalo".

Le pédalo...

Et toute sa présidence n'a été que cela: une constante adaptation de l'idéologie au gré des évènements, alors qu'elle est censée expliquer ceux-ci et permettre d'agir sur eux.

Elu président, il a été inapte à contrebalancer l'espèce de dictature budgétaire qu'exerce l'Allemagne fédérale en Europe. Sa politique a oscillé au gré des circonstances. Avec un record d'impopularité, il est assuré d'être éliminé dès le premier tour de la prochaine élection présidentielle (comme Jospin en 2002) mais persiste à laisser entendre que "l'inversion de la courbe du chômage (?)" serait son grand succès. Entre un premier ministre, Manuel Valls, qui a son propre agenda, et une autre excellence, Emmanuel Macron, qui est un électron libre, un o.v.n.i., il est devenu le dernier qui puisse "rassembler la gauche", émiettée, désorientée.

Le projet El Khomri.

La fin du quinquennat est en effet synonyme de chaos. Le projet de loi El Khomri obéit à la grande logique libérale de notre époque: pour réduire le chômage, il faut détricoter le droit du travail,  faciliter les licenciements, favoriser les contrats à durée déterminée (CDD) et l'emploi "court". Avec une supplique adressée aux employeurs: "Messieurs les chefs d'entreprise, veuillez embaucher, avec toutes les concessions qu'on vous fait!". Mais ceux-ci ne sont pas des philanthropes... 

Le pire est que la social-démocratie, à force de renier ses valeurs au nom du "réalisme", a perdu la bataille des idées, que les idées libérales ont pénétré les rangs de leurs victimes. Une lourde résignation. Certes, le sentiment de révolte devant tant d'injustice est toujours là, le mouvement "Nuit debout" en atteste... Mais il est confus, ranimant des palabres soixante-huitardes non appuyées sur un projet constructif. A gauche, Mélenchon reste un recours, mais desservi par trop d'ego, une difficulté à "jouer collectif", en particulier avec le parti communiste.  

La confusion à droite n'est pas moindre, entre un Sarkozy pathétique dans son rêve de revenir à l'Elysée l'an prochain  et un Juppé qui réussit à faire oublier son impopularité de 1995... Et tous les autres candidats à la primaire de droite!

Institutions bloquées, démocratie fragilisée: le cas espagnol devient tragique. L'Espagne a voté en septembre dernier. Dans l'impossibilité de former un gouvernement, elle retournera aux urnes en juin...  La parti Podemos aurait pu retenir la formule d'un soutien critique, sans participation. Sectarisme?

Robert Falony (dans 'La lettre socialiste', numéro 78, avril 2016) - 5 mai 2016

Cette lettre mensuelle peut se retrouver sur le blog http://osons.le.socialisme.over-blog.com