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Jeudi 24 août, 18h30. Dans un quartier de la commune d'Anderlecht, on entend 3 jeunes maghrébins crier « Allahu Akbar », et dans les secondes qui suivent une énorme explosion retentit. Une école primaire juive du quartier vient d'être pulvérisée. Il n'en reste rien.

Quelques minutes plus tard, les pompiers et la police arrivent, toutes sirènes hurlantes. Une course poursuite s'ensuit, mais en vain. Les terroristes parviennent à s'échapper. Au JT du soir, le Ministre de l'Intérieur Jan Jambon explique que des moyens énormes sont déployés pour arrêter les terroristes. Il ne doute pas que ceux-ci seront très rapidement interceptés par la police. Interviewé à son tour, l'Ambassadeur d'Israël fait éclater sa colère devant ce nouvel attentat anti-juif. Il explique que cette école a été construite grâce à l'aide du gouvernement israélien et que des dizaines d'enfants juifs vont être privés d'école pendant l'année qui va s'ouvrir. « Priver des enfants d'éducation est un des pires crimes que l'on puisse commettre », affirme-t-il.

Le lendemain, les grands journaux belges, Le Soir et La Libre en tête, consacrent 3 et 4 pages à la destruction de l'école juive d'Anderlecht. L'indignation est à son comble. Le gouvernement en fait-il assez pour arrêter les terroristes ? Comment les services de renseignements n'ont-ils pas pu empêcher cet attentat ?

Dans l'après-midi : coup de théâtre. Jan Jambon, triomphant, annonce à la presse et à l'opinion publique que les terroristes ont été identifiés. Il s'agit de trois jeunes Anderlechtois d'origine marocaine, bien connus de la justice pour s'être déjà attaqués à des écoles juives, en France et en Belgique. Jan Jambon explique à la presse qu'ils ont été interpellés par la police. Mais, information stupéfiante : il explique ensuite que les trois terroristes ont été relâchés car ce sont, paraît-il, des terroristes intouchables qui sont protégés. Le Ministre s'est contenté de leur dire qu'ils allaient devoir s'expliquer sur ces démolitions répétées, et que des compensations leur seront demandées. Au nom du gouvernement fédéral, il leur a demandé de mettre fin à ces démolitions.

Au JT du soir, l'ambassadeur d'Israël est ivre de colère. Dans la soirée, c'est au tour du Premier Ministre israélien, Benjamin Netanyahu, de réagir. Il publie un communiqué cinglant dans lequel il accuse la Belgique d'être un Etat voyou et menace de rompre les relations diplomatiques. Pour tenter de le calmer, Charles Michel et Didier Reynders publient un communiqué commun dans lequel ils expriment leur colère devant la destruction de l'école juive.

Fiction que cette histoire ?

Pas vraiment, car c'est exactement ce qui s'est passé ce jeudi 24 août dans un village palestinien, sauf que l'école qui a été détruite était une école destinée aux enfants palestiniens, qu'elle était construite avec l'argent des contribuables belges et que les terroristes qui l'ont détruite étaient des soldats de l'armée israélienne. De plus, ces terroristes, comme dans l'histoire ci-dessus, sont des récidivistes qui ont déjà démoli de multiples écoles précédemment, dont d'autres aussi étaient entièrement financées par les contribuables belges ou européens. Et ces terroristes, comme d'ailleurs leurs commanditaires, courent toujours car ce sont de « bons terroristes », des intouchables, à qui nos ministres se contentent de demander des « explications », tout en leur faisant savoir qu'ils sont fâchés.

La destruction de l'école palestinienne par l'armée israélienne ce 24 août, sa relation dans la presse et la réaction de notre gouvernement à cet acte terroriste sont tout simplement ahurissantes. A titre d'exemple, Le Soir a consacré une petite colonne en page 9 le lendemain de cet acte terroriste, malgré le fait qu'il s'agissait d'une école belge, puisque financée par notre pays. Depuis lors, plus rien. Et les autres organes de presse sont au diapason. Imaginons une seconde qu'il se fut agi d'une école juive, comme dans la fiction ci-dessus. Cela aurait fait la une de l'actualité, et nos journaux se seraient indignés à juste titre de ce crime.

La réaction du gouvernement est à l'aune de celle de la presse. Didier Reynders et Alexander De Croo (ministre de la coopération au développement) se sont contentés de déclarer que ces nouvelles démolitions sont « inacceptables » et ont annoncé qu'ils allaient demander des « explications et des compensations » au gouvernement israélien. C'est ahurissant. En effet, ces démolitions ont été précédées par d'autres démolitions d'écoles, d'hôpitaux et de centrales électriques financés par la Belgique et d'autres pays européens. En se contentant de demander des explications et des compensations pour des actes terroristes, Reynders et De Croo envoient une véritable invitation au gouvernement israélien à poursuivre leur terrorisme meurtrier. Car on a du mal à imaginer que le gouvernement israélien se sente en quoi que ce soit inquiet ou motivé à arrêter ces actes devant une réaction de la Belgique qui consiste à dire « Ce n'est pas bien, ce que vous avez fait ; nous sommes fâchés ». Point de rappel de l'ambassadeur, point de rupture de relations diplomatiques.

Combien de temps les citoyens européens que nous sommes vont-ils continuer à accepter que les écoles, les hôpitaux et les installations électriques que nous construisons en Palestine soient systématiquement détruits par le terrorisme israélien ? Et combien de temps allons-nous accepter que nos gouvernements consacrent des millions à faire la guerre aux « mauvais » terroristes tout en mettant tout en œuvre pour protéger les « bons » ? La protection que nos gouvernants accordent aux « bons » terroristes ne contribue-t-elle pas précisément à générer les « mauvais » ?

Michel Gevers

Bron: https://www.pour.press/y-a-t-il-des-bons-et-des-mauvais-terroristes/