A la demande de Greenpeace, six experts internationaux ont analysé l’avancement des projets de stockage géologique des déchets à haute activité radioactive à travers le monde. Leur rapport publié ce matin [1] souligne, sans la moindre exception, l’absence de solution durable et sûre pour gérer les vastes volumes de ces dangereux déchets.
“Contrairement à ce qu’affirme l’Ondraf [2], l’enfouissement géologique n’a pas de consensus à l’international et n’est pas une solution durable”, souligne Eloi Glorieux, expert nucléaire chez Greenpeace. “La liste des dangers rencontrés est grande et, selon le rapport, aucune solution à cette crise des déchets n’existe réellement, seulement des options temporaires.”
Parmi les dangers les plus couramment identifiés, les experts listent:
- Les risques d'incendie, y compris d’explosion, de défaillance des conteneurs et de rejet de gaz radioactifs dans l'environnement ;
- La contamination des eaux et les risques d’inondation;
- Les problèmes techniques liés à la robustesse et à la résistance à la corrosion des conteneurs de stockage ;
- Des coûts exacts inconnus et de plus en plus élevés, à supporter par les générations futures.
Le rapport démontre que bien que plusieurs pays maintiennent à des degrés divers leur engagement à l'égard du stockage géologique, aucun pays n'a encore établi un dépôt souterrain viable, sûr et durable à long terme.
“L’option proposée par l’Ondraf pour un stockage géologique définitif et irréversible imposerait aux générations futures l’héritage indésirable d’un concept immature et déficient”, s’inquiète Eloi Glorieux. “Il est urgent d’investir dans une infrastructure temporaire sûre qui nous laisse le temps d’explorer de nouvelles solutions à cette crise.”
Pour Greenpeace, la première étape pour faire face à cette crise des déchets nucléaires est de cesser d’en produire. En Belgique, tout doit être mis en place pour sortir de cette énergie le plus tôt possible. En attendant qu’émerge une solution à long terme, la responsabilité des exploitants Engie-Electrabel doit aussi être mise en avant: “Toute industrie doit être capable de gérer ses déchets à ses propres frais et éviter de mettre les populations et l’environnement en danger. Il ne peut y avoir d’exception à cette règle”, conclut Eloi Glorieux.
Echelle de temps:
1 minute.
Se tenir à un mètre d'un assemblage de combustible usé non blindé, qui a été déchargé d'un réacteur nucléaire il y a un an, pourrait vous tuer en une minute environ.
44 ans. Cela fait quarante-quatre ans que de l’énergie nucléaire est produite à Doel et Tihange et jusqu'à présent,
tous les efforts visant à trouver des options sûres et sécuritaires pour la gestion permanente du combustible irradié hautement radioactif des réacteurs nucléaires
ont échoué. Aucun concept ou technologie ne garantissent l’isolement sans faille de ces matières radioactives de la biosphère pendant des centaines de milliers d’années.
300.000 ans.
En les connaissances actuelles, ces déchets hautement radioactifs resteront dangereux pour l’homme et l’environnement durant une échelle de temps qui dépasse la durée de la présence même de l’Homo Sapiens sur terre...
Notes:
[1] Se concentrant sur sept grands pays nucléarisés (Belgique, France, Japon, Suède, Finlande, Royaume-Uni et États-Unis), ce montre que les multiples étapes du cycle du combustible nucléaire produisent de grands volumes de déchets radioactifs et qu'aucun gouvernement n'a encore trouvé comment gérer ces déchets en toute sécurité. La conclusion du rapport est claire : la recherche sur l’enfouissement géologique a échoué en tant que solution. L’entièreté du rapport est disponible ici.
[2] L’Ondraf est l’Organisme national des déchets radioactifs et des matières fissiles enrichies. Voir l’interview dans La Libre Belgique de janvier 2019.