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L’ère Trump s’achève ou se relance, nous le saurons dans quelques dizaines d’heures. Les sondages donnent Trump perdant, une large part de l’opinion publique – particulièrement les Afro-américains, les classes moyennes supérieures, la haute société et sans doute une large partie des laissés pour compte dont on ne parle jamais – souhaite que leur fantasque président dégage une fois pour toutes. Mais il bénéficie encore de larges et influents appuis dans les classes populaires blanches et peut-être latinos. Wait and see.

Cependant, le challenger démocrate de Donald Trump, Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, ne vaut guère mieux même s’il adopte un style nettement plus « civilisé ». Il traîne de sérieuses « casseroles » et surtout n’est manifestement pas l’homme apte à présider à l’indispensable changement de cap que doit prendre l’Empire américain décadent.

image 0933244 20201103 ob 29af12 biden trumpJoe Biden versus Donald Trump : Charybde ou Scylla ?

Cette situation ne doit cependant pas nous réjouir. Les Etats-Unis affaiblis constituent un danger majeur pour son peuple et pour le reste du monde et aussi pour la pérennité de nos principes fondamentaux de liberté, d’égalité et de fraternité, c’est-à-dire de solidarité.

Deux grands journalistes étatsuniens expriment leur opinion et aussi leur déception. Il s’agit de Glenn Greenwald et de Chris Hedge. Le site « Le Grand Soir.info » avec lequel « Uranopole » est en correspondance, vient de publier leurs contributions.

Glenn Greenwald né le 6 mars 1967 a d’abord été un brillant juriste américain spécialisé en droit constitutionnel, puis est passé au journalisme. Il travaillait pour l’édition américaine du journal britannique « The Guardian ». Il est connu pour avoir publié en 2013 les révélations sur les programmes d’espionnage et de surveillance générale fournies par l’informaticien de la NSA (le service de renseignement intérieur des Etats-Unis) Edward Snowden, lors de leur première rencontre à Hong Kong où il s’était réfugié. (Voir Uranopole : http://uranopole.over-blog.com/article-la-fin-de-la-vie-privee-vous-ne-saviez-pas-118950062.html) Glenn Greenwald a connu quelques difficultés avec son employeur, le « Guardian ». Il a même été accusé de cybercriminalité. Aussi, décida-t-il, afin de préserver son indépendance de journaliste, de fonder en 2014 avec deux autres rédacteurs un journal en ligne, The Intercept, dans le but de préserver son indépendance journalistique. Il dut s’associer pour financer son projet avec une société First Look Media. Voulant révéler un scandale concernant le fils de Joe Biden, ses associés ont décidé de censurer son article. Aussitôt, il a démissionné de The Intercept, le 30 octobre 2020.

Le rôle néfaste de la presse « mainstream »

Greenwald s’en explique. Il dénonce le rôle néfaste de ce qu’on appelle la presse « mainstream ».

image 0933244 20201103 ob e479e9 glenn greenwald interceptGlenn Greenwald explique les raisons de sa démission du journal Intercept qu'il a fondé.

« Les mêmes tendances à la répression, à la censure et à l’homogénéité idéologique qui frappent la presse nationale en général, ont englouti l’organe de presse que j’ai cofondé, avec pour point culminant la censure de mes propres articles.

Aujourd’hui, j’ai fait part de mon intention de démissionner de The Intercept, le média que j’ai cofondé en 2013 avec Jeremy Scahill et Laura Poitras, ainsi que de sa société mère First Look Media.

La dernière cause, déterminante, est que les rédacteurs de The Intercept, en violation de mon droit contractuel à la liberté éditoriale, ont censuré un article que j’ai écrit cette semaine, refusant de le publier à moins que je ne supprime toutes les sections critiques à l’égard du candidat démocrate à la présidence Joe Biden, le candidat soutenu avec véhémence par tous les rédacteurs de The Intercept basés à New-York qui participent à cet effort de censure.

L’article censuré, basé sur des courriels et des témoignages récemment révélés, a soulevé des questions critiques sur la conduite de Biden. Non contents de simplement empêcher la publication de cet article dans le média que j’ai cofondé, ces rédacteurs d’Intercept ont également exigé que je m’abstienne d’exercer un droit contractuel distinct de publier cet article dans toute autre publication. »

Plus loin, Greenwald précise :

« Mais la censure brutale de mon article de cette semaine - sur les documents de Hunter Biden et la conduite de Joe Biden concernant l’Ukraine et la Chine, ainsi que ma critique de la tentative de suppression des révélations par les médias, dans une union profondément impie avec la Silicon Valley et la "communauté du renseignement" - a érodé la dernière justification à laquelle je pouvais m’accrocher pour rester. Cela signifie que non seulement ce média n’offre pas la liberté éditoriale aux autres journalistes, comme je l’avais si idéalement envisagé il y a sept ans, mais qu’il ne l’offre même plus à moi maintenant. À l’approche d’une élection présidentielle, je suis en quelque sorte réduit au silence pour exprimer des opinions que des rédacteurs en chef de New York, choisis au hasard, trouvent désagréables, et je dois maintenant d’une manière ou d’une autre adapter mes écrits et mes reportages pour répondre à leurs désirs partisans et à leur empressement à élire des candidats précis.

Dire qu’une telle censure est une ligne rouge pour moi, une situation que je n’accepterais jamais quel qu’en soit le coût, est un euphémisme. Il est étonnant pour moi, mais aussi révélateur de notre discours actuel et de notre environnement médiatique peu libéral, que j’aie été réduit au silence par mon propre média au sujet de Joe Biden. »

Et le grand journaliste américano-brésilien conclut citant la note d’un groupe de travail consacré à l’indépendance journalistique auquel il a participé :

« Les médias américains sont pris dans une guerre culturelle polarisée qui oblige le journalisme à se conformer à des récits tribaux et de pensée de groupe qui sont souvent coupés de la vérité et qui répondent à des perspectives qui ne reflètent pas le grand public mais plutôt une minorité d’élites hyper-partisanes. La nécessité de se conformer à des récits culturels et des identités partisanes artificiels et très restrictifs a créé un environnement répressif et peu libéral dans lequel de vastes pans d’informations et de reportages ne sont pas diffusés ou sont présentés à travers la lentille la plus déformée et la plus éloignée de la réalité.

La quasi-totalité des grandes institutions médiatiques étant capturées dans une certaine mesure par cette dynamique, il existe un besoin profond de médias libres qui franchissent les frontières de cette guerre des cultures polarisée et répondent à la demande d’un public affamé de médias qui ne joueraient pas pour un camp mais qui poursuivraient plutôt des lignes de reportage, de réflexion et d’enquête où qu’elles mènent, sans craindre de violer les piétés culturelles ou les orthodoxies de l’élite. »

Le triomphe de la « pensée unique »

Ainsi, cette affaire met en évidence deux éléments fondamentaux : le journaliste doit se conformer à une sorte de pensée unique et à un seul modèle culturel. Et pourtant, Joe Biden, s’il est élu, ne pourra échapper à ce scandale qui sera immanquablement révélé par ses adversaires au grand public, sans compter ses curieuses relations avec la Chine et l’Ukraine. Il connaîtra donc une présidence affaiblie, au même titre que son adversaire s’il l’emporte malgré tout.

La liberté de la presse est menacée et quel que soit le nouveau locataire de la Maison Blanche, la plus grande puissance du monde connaît un déclin inéluctable. C’est ce que démontre Chris Hedge dans une longue contribution dont nous donnons ici quelques extraits.image 0933244 20201103 ob 90f355 chris hedgeChris Hedge grand journaliste au New York Times exprime sa profonde inquiétude.

Les Etats-Unis sont l’ombre d’eux-mêmes.

Chris Hedge est un journaliste lauréat du prix Pulitzer qui a été pendant quinze ans correspondant à l’étranger pour le New York Times, où il a occupé les fonctions de chef du bureau du Moyen-Orient et de chef du bureau des Balkans pour le journal. Auparavant, il a travaillé à l’étranger pour le Dallas Morning News, le Christian Science Monitor et NPR. Il est l’animateur de l’émission On Contact de RT America, nominée pour un Emmy Award

« Les États-Unis sont l’ombre d’eux-mêmes. Ils dilapident leurs ressources dans un aventurisme militaire futile, symptôme de tous les empires en déclin qui tentent de restaurer par la force une hégémonie perdue. Le Vietnam. L’Afghanistan. L’Irak. Syrie. La Libye. Des dizaines de millions de vies brisées. Des États en faillite. Des fanatiques enragés. Il y a 1,8 milliard de musulmans dans le monde, soit 24 % de la population mondiale, et nous les avons pratiquement tous transformés en ennemis.

Nous accumulons des déficits massifs et négligeons nos infrastructures de base, notamment les réseaux électriques, les routes, les ponts et les transports publics, pour dépenser plus pour notre armée que toutes les autres grandes puissances sur Terre réunies. Nous sommes le plus grand producteur et exportateur d’armes et de munitions au monde. Les vertus que nous prétendons avoir le droit d’imposer par la force aux autres - droits de l’homme, démocratie, libre marché, État de droit et libertés individuelles - sont bafouées chez nous, où des niveaux grotesques d’inégalité sociale et des programmes d’austérité ont appauvri la plupart des citoyens, détruit les institutions démocratiques, y compris le Congrès, les tribunaux et la presse, et créé des forces militarisées d’occupation interne qui exercent une surveillance générale du public, gèrent le plus grand système carcéral du monde et abattent impunément des citoyens désarmés dans les rues. »

Quant au bilan social et à celui de la santé physique comme mentale, c’est la catastrophe.

« La danse macabre est déjà en cours. Des centaines de milliers d’Américains meurent chaque année d’abus d’opiacés, d’alcoolisme et de suicide, ce que les sociologues appellent des morts de désespoir. Ce désespoir alimente des taux élevés d’obésité morbide, environ 40 % de la population, des addictions au jeu, la « pornification » de la société avec l’omniprésence d’images de sadisme sexuel ainsi que la prolifération de milices armées de droite et des fusillades de masse nihilistes. Plus le désespoir augmente, plus ces actes d’auto-immolation se multiplient. »

La droite s’arme avec l’encouragement du président sortant ! La guerre civile menace. Mais, aura-t-elle vraiment lieu ? Il pourrait éventuellement se produire de sanglants affrontements incontrôlables. Et puis, il ne faut pas oublier le danger évangélique aussi redoutable que le danger islamiste en Europe.

« Ceux qui sont accablés par le désespoir recherchent un salut magique, qu’il s’agisse de sectes en crise, comme la droite chrétienne, ou de démagogues comme Trump, ou de milices enragées qui voient la violence comme un agent de nettoyage. Tant qu’on laissera ces sombres pathologies s’envenimer et se développer - et le Parti démocrate a clairement indiqué qu’il ne promulguera pas le genre de réformes sociales radicales qui permettront de freiner ces pathologies - les États-Unis poursuivront leur marche vers la désintégration et le bouleversement social. La défaite de Trump de n’arrêtera ni ne ralentira la chute. »

Le terrible échec de la santé publique

Enfin, il y a le terrible problème de la santé publique négligée depuis longtemps aux USA. L’Obamacare ayant échoué suite à l’opposition farouche de la classe des milliardaires qui soutient Donald Trump.

« On estime à 300 000 le nombre d’Américains qui seront morts de la pandémie en décembre, chiffre qui devrait passer à 400 000 en janvier. Le sous-emploi et le chômage chroniques, proches de 20 % lorsque ceux qui ont cessé de chercher du travail, ceux qui sont mis à pied sans perspective d’être réembauchés et ceux qui travaillent à temps partiel mais restent en dessous du seuil de pauvreté, sont inclus dans les statistiques officielles au lieu d’être magiquement effacés des listes de chômeurs. Notre système de soins de santé privatisé, qui réalise des bénéfices records pendant la pandémie, n’est pas conçu pour faire face à une urgence de santé publique. Il est conçu pour maximiser les profits de ses propriétaires. Il y a moins d’un million de lits d’hôpitaux dans le pays, résultat de la tendance à la fusion et à la fermeture d’hôpitaux qui dure depuis des décennies et qui a réduit l’accès aux soins dans les communautés à travers le pays. Des villes comme Milwaukee ont été contraintes d’ériger des hôpitaux de campagne. Dans des États comme le Mississippi, il n’y a plus de lits en soins d’urgence disponibles. Le service de santé à but lucratif n’a pas stocké les respirateurs, les masques, les tests ou les médicaments pour faire face à la COVID-19. Pourquoi devrait-il le faire ? Ce n’est pas une façon d’augmenter les recettes. Et il n’y a pas de différence substantielle entre la réponse de Trump et celle de Biden à la crise sanitaire, où 1 000 personnes meurent chaque jour.

Quarante-huit pour cent des travailleurs de première ligne n’ont toujours pas droit aux indemnités de maladie. Quelque 43 millions d’Américains ont perdu leur assurance maladie financée par leur employeur. Il y a dix mille faillites par jour, dont peut être deux tiers sont liées à des coûts médicaux exorbitants. Les banques alimentaires sont submergées par des dizaines de milliers de familles désespérées. Environ 10 à 14 millions de ménages locataires, soit 23 à 34 millions de personnes, étaient en retard sur leur loyer en septembre. Cela représente entre 12 et 17 milliards de dollars de loyers impayés. Et ce chiffre devrait passer à 34 milliards de dollars de loyers impayés en janvier. La levée du moratoire sur les expulsions et les saisies signifie que des millions de familles, dont beaucoup sont sans ressources, seront jetées à la rue. La faim dans les ménages américains a presque triplé entre 2019 et août de cette année, selon le Bureau du recensement et le ministère de l’agriculture. La proportion d’enfants américains qui n’ont pas assez à manger, selon l’étude, est 14 fois plus élevée que l’année dernière. Une étude de l’Université de Columbia a révélé que depuis le mois de mai, huit millions d’Américains supplémentaires peuvent être considérés comme pauvres. Entre-temps, les 50 Américains les plus riches détiennent autant de richesses que la moitié des États-Unis. Les Millenniaux, soit quelque 72 millions de personnes, détiennent 4,6 % de la richesse américaine. »

image 0933244 20201103 ob 3d17a9 8empire state building rockefeller cenL'Empire State Building ou Rockfeller centre à New York non loin du Trump building : symbole de l'immense richesse de la classe supérieure US.

image 0933244 20201103 ob 78390d trump tower 1338449La Trump Tower à New York, symbole d'une nouvele richesse arrogante

Tout cela pour un seul pouvoir : celui des grandes entreprises transnationales, celles qui font les présidents US. Ce n’est pas au sein du peuple américain qu’il faut faire les sondages , mais dans les conseils d’administration des GAFA et des consortiums énergétiques.

« Une seule chose compte pour l’État corporatif. Ce n’est pas la démocratie. Ce n’est pas la vérité. Ce n’est pas le consentement des gouvernés. Ce n’est pas l’inégalité des revenus. Ce n’est pas l’État de surveillance. Ce n’est pas une guerre sans fin. Ce n’est pas l’emploi. Ce n’est pas la crise climatique. C’est la primauté du pouvoir des entreprises - qui a tué notre démocratie, nous a enlevé nos libertés civiles les plus fondamentales et a laissé la plus grande partie de la classe ouvrière dans la misère - et l’augmentation et la consolidation de sa richesse et de son pouvoir. »

Trump et Biden : des personnages répugnants !

« Trump et Biden sont des personnages répugnants, qui sombrent dans la vieillesse avec des défaillances cognitives et sans noyau moral. Trump est-il plus dangereux que Biden ? Oui. Trump est-il inepte et plus malhonnête ? Oui. Trump est-il une menace pour la société ouverte ? Oui. Biden est-il la solution ? Non. »

Les Etats-Unis sont-ils une démocratie ? Non !

« En Amérique, nous n’avons le droit de voter que contre ce que nous détestons. Les médias partisans dressent un groupe contre un autre, une version grand public de ce que George Orwell a appelé dans son roman 1984 les ’Deux minutes de la haine’. Nos opinions et nos préjugés sont habilement pris en compte et renforcés, à l’aide d’une analyse numérique détaillée de nos tendances et de nos habitudes, puis nous sont revendus. Le résultat, comme l’écrit Matt Taibbi, est ’une colère emballée et faite sur mesure pour vous’. Le public est incapable de s’exprimer au-delà de la fracture fabriquée. La politique, sous cet assaut, s’est atrophiée en une vulgaire émission de téléréalité centrée sur des personnalités politiques fabriquées. Le discours civique a été empoisonné par les invectives et les mensonges. Le pouvoir, pendant ce temps, n’est pas scruté et n’est pas contesté.

La couverture politique est calquée, comme le souligne Taibbi, sur la couverture sportive. Les décors ressemblent à ceux du compte à rebours d’un match de foot le dimanche. Le présentateur est sur le côté. Il y a quatre commentateurs, deux pour chaque équipe. Des graphiques nous tiennent au courant du score. Les identités politiques sont réduites à des stéréotypes facilement digestibles. Les tactiques, la stratégie, l’image, les décomptes mensuels des contributions aux campagnes et les sondages sont examinés à l’infini, tandis que les véritables questions politiques sont ignorées. C’est le langage et l’imagerie de la guerre. »

Alors ! Biden ou Trump, que choisir ?

« Biden a été l’un des principaux architectes des guerres au Moyen-Orient, où nous avons dilapidé plus de 7 mille milliards de dollars et détruit ou mis fin à la vie de millions de personnes. Il est responsable de bien plus de souffrances et de morts, dans son pays et à l’étranger, que Trump. Si nous avions un système judiciaire et législatif qui fonctionne, Biden, ainsi que les autres architectes de nos guerres impériales désastreuses, du pillage du pays par les entreprises et de la trahison de la classe ouvrière américaine, seraient traduits en justice, et non proposés comme solution à notre débâcle politique et économique. »

Sans compter les « casseroles qu’il traîne ! Quant à Trump :

« Trump a rempli son vide idéologique avec le fascisme chrétien. Il a élevé des membres de la droite chrétienne à des postes importants, notamment Mike Pence à la vice-présidence, Mike Pompeo au poste de secrétaire d’État, Betsy DeVos au poste de secrétaire à l’éducation, Ben Carson au poste de secrétaire au logement et au développement urbain, William Barr au poste de procureur général, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh à la Cour suprême et la télévangéliste Paula White à son initiative ’Foi et opportunités’. Plus important encore, M. Trump a donné à la droite chrétienne le droit de veto et le pouvoir de nomination sur les postes clés du gouvernement, en particulier dans les tribunaux fédéraux. Il a installé 133 juges de cour de district sur un total de 677, 50 juges de cour d’appel sur un total de 179, et deux juges de la Cour suprême des États-Unis, et avec la nomination d’Amy Coney Barrett, probablement trois, sur neuf. Cela représente dix-neuf pour cent des juges fédéraux de première instance actuellement en fonction. La quasi-totalité des extrémistes qui composent les juges nommés ont été jugés « non qualifiés » par l’American Bar Association, la plus grande coalition non partisane d’avocats du pays.»

Le fascisme chrétien

« Trump a adopté l’islamophobie des fascistes chrétiens. Il a interdit l’immigration musulmane et réduit la législation sur les droits civils. Il a fait la guerre aux droits reproductifs en limitant l’avortement et en défiscalisant le Planned Parenthood [Planning Familial]. Il a supprimé les droits des LGBTQ. Il a abattu le mur de séparation entre l’Église et l’État en révoquant l’amendement Johnson, qui interdit aux églises, qui sont exonérées d’impôts, de soutenir des candidats politiques. Les personnes qu’il a nommées, dont Pence, Pompeo et DeVos, dans l’ensemble du gouvernement, utilisent couramment des références bibliques pour justifier toute une série de décisions politiques, notamment la déréglementation environnementale, la guerre, les réductions d’impôts et le remplacement des écoles publiques par des écoles à charte, une mesure qui permet le transfert de fonds fédéraux pour l’éducation vers des écoles privées ’chrétiennes’. (…)

image 0933244 20201103 ob d30514 vangeliques trumpDonald Trump s'appuie sur les évangélques étatsuniens de plus en plus puissants et influents. Ils représentent un danger sans doute bien plus sérieux que les islamistes en Europe.

« L’héritage de Trump sera, je le crains, la montée des fascistes chrétiens. Ce sont eux qui viennent ensuite. Noam Chomsky, pour cette raison, a raison lorsqu’il avertit que Pence est plus dangereux que Trump. Depuis des décennies, les fascistes chrétiens s’organisent pour prendre le pouvoir. Ils ont construit des infrastructures et des organisations, y compris des groupes de pression, des écoles, des collèges et des facultés de droit ainsi que des plateformes médiatiques, pour se préparer. Ils ont semé leurs cadres dans des positions de pouvoir. Nous, à gauche, avons vu nos institutions et nos organisations détruites ou corrompues par le pouvoir des entreprises et avons été séduits par l’activisme de façade des politiques identitaires. FRC Action, l’organe législatif affilié au Family Research Council, donne déjà à 245 membres du Congrès un taux d’approbation de 100 % pour avoir soutenu une législation qui est soutenue par la droite chrétienne. »

Nous connaîtrons en principe le résultat des élections présidentielles US dans quelques dizaines d’heures. En définitive, il importe peu. La crise profonde de la société étatsunienne qui déteint aussi sur nos sociétés européennes est loin d’être résolue. Nous allons sans doute connaître ce qu’Antonio Gramsci prédisait il y a pratiquement un siècle :

« Le malheur a habituellement deux effets : souvent il éteint toute affection envers les malheureux, et, non moins souvent, il éteint chez les malheureux toute affection envers les autres. Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres. »

Pierre Verhas

Source: http://uranopole.over-blog.com/2020/11/les-etats-unis-dans-quel-etat.html