Koopkrachtplakkaat

EnergieplakkaatC

173646265 10222054268599783 1356797931624160070 n

Delen van artikels

 

3 janvier 2023

La déliquescence du socialisme en Belgique

Il ne se passe pas une semaine sans qu’un incident sérieux ébranle les partis se réclamant du socialisme en Belgique. On sait que les socialistes sont divisés entre un parti flamand et un parti francophone wallon-bruxellois.

Le dernier accroc émane des déclarations de Conner Rousseau, le jeune président de « Vooruit » (en avant !) le nouveau nom du parti socialiste flamand. Remarquons au passage que le vocable « socialiste » a disparu ! Le beau jeune homme très populaire en Flandre a déclaré qu’il ne se sent plus en Belgique lorsqu’il se promène à Molenbeek. Molenbeek, sans doute la plus célèbre commune de Bruxelles, doit sa réputation au fait qu’y logeaient la plupart des terroristes des attentats de Paris et de Bruxelles en 2015-2016 et aussi que feu Philippe Moureaux, son bourgmestre, menait une politique considérée comme trop ouverte à l’égard des Maghrébins qui y vivent et trop tolérante envers les mosquées qui diffusent des prêches salafistes. Aujourd’hui, c’est sa fille, Catherine Moureaux, qui préside aux destinées de cette commune. Incontestablement, elle mène une politique plus équilibrée, mais cela n’empêche pas des tensions communautaires de plus en plus fortes au sein de la section socialiste locale.

Ces tensions existent depuis longtemps au niveau même de la Fédération socialiste bruxelloise et la présidence d’Ahmed Laaouej n’a fait que les accentuer. Par exemple, il n’a pas supporté qu’Emir Kir, le député bourgmestre de Saint-Josse-ten-Noode, la plus petite commune de la Région bruxelloise et même du Royaume ait soutenu son concurrent Rachid Madrane. Résultat : Kir a été exclu du PS. Certes, on pouvait lui reprocher, étant donné ses origines turques, sa proximité avec Erdogan, mais la conséquence en est la perte d’un député et d’un bourgmestre alors que le PS est en concurrence avec Ecolo pour la première place dans la Région. D’autre part, la section PS locale s’est ralliée à Emir Kir et celui-ci reste très populaire dans sa commune même de la part des non-musulmans. 

D’autre part, Laaouej avait promis un débat sur la laïcité au sein de la Fédération bruxelloise du PS. Jusqu’à présent, il n’a pas eu lieu alors que le communautarisme se renforce. D’ailleurs, la position de l’actuel président de la Fédération est plus qu’ambigüe en ce domaine. Est-ce par calcul politique ou par indulgence à l’égard d’un Islam de plus en plus « frériste » ? On se rappelle du chef de groupe PS au Parlement bruxellois qui, lors d’une manifestation de solidarité avec la Palestine il y a deux ans, fit le signe des Frères musulmans.

Tout cela risque d’avoir une conséquence assez sérieuse : le PS wallon qui a une tout autre position s’éloigne du PS bruxellois. Cela signifie que les socialistes risquent d’être divisés lors de la formation du prochain gouvernement.

Et ce n’est pas fini. Il y a l’aspect social qui est en principe l’essence même du mouvement socialiste. Commençons par une anecdote sans grandes conséquences, mais significative. La ministre des Pensions de l’actuel gouvernement dit de la « Vivaldi », la socialiste Karin Lalieux, a donné un chèque de 100 000 € à l’opération caritative organisée annuellement par la RTBF, opération du nom très francophone « Viva for life ». Des syndicalistes et des socialistes exprimèrent à juste titre leur désapprobation : lorsque l’on défend la Sécurité sociale, on ne tombe pas dans le caritatif médiatisé ! 

Plus grave sont les propos de Conner Rousseau. Après Molenbeek, voilà qu’il s’attaque à l’organisation syndicale de tendance socialiste : la FGTB et à la Sécurité sociale ! « La Sécu, un magasin où les gens viennent voler ! » Quant au syndicat socialiste, le président de Vooruit déclare à La Libre Belgique : « C’est dans leur ADN de toujours en demander plus. » Le politologue Pascal Delwit en tire les conclusions : Quand on lit toute l’interview de Rouseau à Humo, on peine à se dire que c’est un responsable de gauche qui parle. Que ce soit sur Molenbeek, mais aussi sur la FGTB, la Wallonie, les syndicats, il y utilise les mêmes poncifs que le Voka, Unizo (le patronat flamand particulièrement réactionnaire) et Bart De Wever (le leader de la NV-A). » On ne peut dire mieux !

Du côté wallon, le président du PS Paul Magnette tient ses troupes en main. Il parvient à défendre ses positions au sein d’un gouvernement dominé par les libéraux avec un Premier ministre connu pour son radicalisme thatchérien. Résultat : le gouvernement plonge dans l’immobilisme. Chaque parti tire la couverture à soi. Il n’y a pas de ligne commune à gauche entre les socialistes et les écologistes – pour autant que l’on classe ces derniers à gauche – ce qui ne fait que servir la branche libérale, bien qu’elle soit aussi divisée. Et puis, il y a le boulet des scandales (le dernier en date, tout récent, (voir « Uranopole » : https://uranopole.overblog.com/2022/12/d-un-parlement-a-l-autre.html ) que traîne depuis des années le PS wallon.

Quant au mouvement syndical, ses ripostes aux offensives du capital essentiellement flamand sont spectaculaires, mais sans effets. Les « promenades » régulières à Bruxelles pour s’opposer aux mesures anti-sociales du gouvernement sont sans doute très sympathiques, mais elles n’ont jamais changé quoi que ce soit. Une nouvelle stratégie est indispensable si on veut retrouver le rapport de forces qui, seul, permet d’avancer.

Droitisation, immobilisme, communautarisme, scandales à répétition, la gauche socialiste est bien malade. Cela fait évidemment le lit de la gauche radicale avec le Parti du Travail de Belgique (PTB) qui, lui aussi, évolue vers plus de pragmatisme, grâce à son président, le très populaire Raoul Hedebouw. L’immense avantage du PTB : ses militants sont sur le terrain et n’arpentent pas les couloirs des ministères comme les socialistes. Cependant, il n’arrive pas à se débarrasser de sa gangue stalinienne et n’est pas très clair dans ses relations avec la Chine. D’autre part, le PTB ; notamment à Bruxelles, est lui aussi en proie au communautarisme même si c’est moins sensible étant donné que ses mandataires n’ont aucune responsabilité exécutive dans les communes concernées.

 Les nuages s’amoncellent donc. La droite et l’extrême-droite flamandes ont le vent en poupe. Les socialistes flamands de « Vooruit » semblent prendre ce train en marche. La droitisation du MR (libéraux francophones) opérée par le président de ce parti, l’ineffable Georges Louis Bouchez dit GLOUB, peut s’avérer dangereuse, car les éléments d’extrême-droite dispersés dans la partie francophone du pays peuvent s’y retrouver.

En ce début d’année 2023, on n’est pas sorti de l’auberge !

Pierre Verhas