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Il y a encore dans la gauche des gens qui ont la mémoire historique, et pour lesquels le centenaire de la guerre de 14-18 doit être marqué par autre chose que des commémorations patriotiques traditionnelles, tandis que l'Europe officielle va tenter de gommer l'essentiel: la responsabilité partagée des impérialismes rivaux dans un conflit - une boucherie abominable - dont le but n'était pas seulement des gains territoriaux, mais la conquête de nouveaux marchés. Et pour la gauche: en août 1914, la Deuxième Internationale fait honteusement faillite en se ralliant à la guerre... (1). 

Côté Europe officielle, un article du nouveau ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, paru dans "Le Monde" du jeudi 6 février, donne le ton: il faut préférer la diplomatie aux postures nationalistes. Comme il n'y a pas de filiation directe entre l'actuelle République fédérale et la vieille Allemagne impériale, Steinmeier peut écrire: "Au lieu de tabler sur l'apaisement et la compréhension, Berlin opta pour l'escalade".

C'est un peu court. Même le ministre des Affaires étrangères d'un gouvernement de coalition pourrait s'étendre sur ce qu'était l'Allemagne militariste des Bismarck, Guillaume II et Hindenburg. Et le SPD dont Steinmeier fait partie pourrait utilement regretter le vote unanime des crédits à la guerre dont le parti social-démocrate de 1914 s'est rendu coupable.

Néanmoins, à Paris comme à Berlin, à Londres comme à Vienne, on pourra mettre pudiquement en question "le jeu des alliances", mais sans plus. Le vernis de respectabilité "européenne" ne mettra pas fondamentalement en cause les nationalismes de l'époque. Par exemple, on n'imagine pas le président François Hollande déclarer que la récupération de l'Alsace Lorraine ne valait pas ces millions de morts et de mutilés. Et il sera intéressant d'observer comment la Russie officielle, celle d'un Poutine qui fait feu de tout bois pour célébrer la grandeur russe, dédouanera le bellicisme de la clique militariste qui entourait le tsar Nicolas II.

La faillite des élites...

Or, et à la faveur du rejet populaire croissant d'une Europe des gouvernements soumis aux marchés financiers, les élections européennes de mai prochain risquent d'être marquées par une poussée des nationalismes rétrogrades, sous le drapeau troué, usé jusqu'à la corde, de la "souveraineté nationale". Illusions passéistes !

Contre ces deux camps qui sont les deux faces de la même médaille, le centenaire de 14-18 offre l'occasion à la gauche internationaliste de réaffirmer des positions de principe intangibles... Mais il y a des lueurs de lucidité qu'il faut saluer, ainsi l'article "La faillite des élites" de l'économiste Martin Wolf dans "Le Monde" du 18 janvier. Il ose un rapprochement entre la stupidité des "élites" de 1914 et le comportement des "trois bureaucraties non élues" que sont la Commission européenne, la BCE et le Fonds monétaire international. D'où, partout, les explosions de fureur populaire...    

Robert Falony - février 2014 (Lettre Socialiste n°52)

(1) Sous le titre '1914: le naufrage de l'Europe et du socialisme', l'auteur de ces lignes a rédigé un essai qui est la synthèse de cent années d'Histoire, jusqu'à la crise ouverte en 2008. Ce travail est en voie de publication par une de nos maisons d'édition.